Les communs du château de Rochebonne Les communs du château de Rochebonne La grande tour du château de Rochebonne Les logis du château de Rochebonne Le donjon du château de Rochebonne La chapelle Sainte Agathe

Plan simplifié établi en 2016 à partir des relevés réalisés par Claude d'Abrigeon.

Pour accéder aux descriptions des différentes parties du château, cliquez sur les zones colorées du plan :

  • le donjon
  • les logis
  • la grande tour
  • les communs
  • La chapelle castrale

Vues aériennes du château de Rochebonne

 À Rochebonne, on appelle donjon la tour quadrangulaire située au sommet du rocher qui domine le château au Nord. À peu près carrée, légèrement orientée vers le Sud-Est, elle avait au début du XXe siècle environ 9 m de haut pour à peu près 6 m de côté. Ces dimensions sont trop modestes pour qu'elle ait été un véritable donjon. Elle n'a pratiquement aucun des caractères qui justifieraient cette appellation. En revanche, l'ensemble tour - rocher constituait un excellent donjon «naturel» qui avait (tour comprise) près d'une quarantaine de mètres de haut. Seule sa face nord est à peu près intacte. Sur son parement extérieur on distingue des trous assez semblables à des trous de boulins*, au milieu une fenêtre si étroite qu'elle peut être considérée comme une archère, et une autre archère se trouve près de l'arête. Bien qu'actuellement dégradé, le sommet du mur montre encore les traces de deux échancrures verticales autrefois d'égale profondeur, qui peuvent avoir été aussi bien deux créneaux que deux encastrements de poutres. En raison de leur orientation vers la corniche supérieure, je pense plutôt à des créneaux. La face Est s'est considérablement dégradée depuis le début du XXe siècle où elle était amoindrie de seulement un dixième de sa surface environ. Elle porte, comme la précédente, une étroite fenêtre (un peu plus large cependant) et une archère très rapprochée de celle de la face Nord.

La face Sud, écroulée à mi-hauteur et près des angles, ne nous renseigne pas sur la position exacte de l'entrée de la tour.

La face Ouest, elle aussi très dégradée depuis le début du XXe siècle, paraît n'avoir jamais eu ni fenêtre ni archères : en raison de la configuration du rocher à cet endroit, il est probable qu'ici toute archère aurait été inutile.

* Un boulin est une pièce d'échafaudage en bois, horizontale, engagée dans la maçonnerie par une ouverture nommée «trou de boulin».

La fermeture du donjon

Épars sur le rocher, se voient encore des vestiges de constructions qui, aux origines, devaient constituer une chemise cernant la tour carrée à l'Est, au Sud et à l'Ouest. L'état des lieux de 1763 confirme cette hypothèse puisqu'il nous dit que là «étoit le fort dudit château». La tour seule ne pouvant constituer une fortification suffisante, force est d'admettre qu'elle était complétée par d'autres. Il est par ailleurs hautement probable, comme l'indique M. Michel Carlat que Rochebonne n'ait été aux origines, donc au XIème siècle, qu'un rocher fortifié entouré d'une enceinte.

Cette «chemise», donc, si elle a bien existé, devait remplir le double rôle de rempart en cas d'attaque et de banal garde-fou plus habituellement. En outre, son implantation à certains endroits montre qu'elle y prolongeait la verticalité de fissures qui auraient pu être escaladées.

Le château proprement dit paraît avoir été constitué essentiellement de trois parties soudées entre elles, formant un bloc dont les murs extérieurs devaient présenter au Sud un front continu de plus de 40 m de long suivant fidèlement l'assise rocheuse. Le bâtiment appelé aujourd'hui «grande tour», le seul qui a encore ses fenêtres, en est maintenant l'extrémité Est, mais au Moyen Âge, il devait occuper la position centrale de ce front qui devait avoir alors une apparence analogue à celle de la façade Nord du château de La Voulte. Il est évident que ce rempart de murailles était destiné à prolonger en hauteur le rempart, naturel celui-là, de l'assise rocheuse.

Le seul mur de ce front encore intact, celui de la grande tour, a une hauteur de 15 m qui, ajoutée à la hauteur de l'assise rocheuse à cet endroit — 12 m environ — place son faîte à plus de 25 m au-dessus de la base de l'assise rocheuse, là où le sol est à peu près horizontal, si l'on peut parler d'horizontalité en un tel lieu.

Les deux parties latérales Sud-Est et Sud-Ouest formaient l'une et l'autre avec la partie centrale un angle très ouvert.

Plan des logis

Le logis 1

C'est là que se trouvait l'entrée du château (en 1763) à laquelle on accédait par une petite cour. Ce «logis» vraisemblablement composé de plusieurs bâtiments est ce que l'expert appelle «la plus grande partie» du château qui est, déjà à son époque, «détruite et en vétusté» et où il ne mentionne que des «murs chancelants presque tous sans couverts». Il précise même qu'elle est détruite «depuis un temps immémorial».

Le mur b était un mur de refend et portait des lignes d'opes (trous de solives) qui permettent d'affirmer que le Logis L1 se prolongeait au Nord et au Sud de son positionnement.

En visitant les lieux, en y effectuant des mesures et au vu de photographies aériennes on constate que cette partie Est offre une surface constructible plus grande qu'ailleurs, bien que le sol en soit parfois très irrégulier. Il serait donc surprenant que les bâtisseurs ne l'aient pas utilisée pour y construire «la plus grande partie» du château.

Le logis 2

De nos jours appelé Grand Logis, c'est un bâtiment rectangulaire qui a actuellement 13 m de long, 5 m de large (à l'intérieur) et dont la hauteur prise sur le seul mur encore intact (al) est de 9,60m. Ces dimensions imposantes ont fait supposer que la grande salle du château appelée «aula» ou «tinel» se trouvait vraisemblablement au niveau moyen de ce bâtiment.

Le Logis L2 est complété du côté Sud-Est par une extension d'environ 5m vers le Sud (appelée Grande tour) qui s'explique par un élargissement important de l'assise rocheuse qui, à cet endroit, prend l'aspect d'un énorme bloc de rochers en ressauts aux multiples fissures.

Le grand mur (a1), séparé du rocher par le couloir déjà mentionné qui est ici particulièrement étroit, présente deux lignes parallèles de trous (opes) de solives ou de poutres, délimitant par des planchers détruits les trois niveaux du Logis.

Proches de l'extrémité Ouest du mur on observe deux ouvertures superposées et très dégradées. La plus basse, une porte autrefois surmontée d'un arc surbaissé, faisait communiquer le niveau moyen du Logis avec le couloir rocheux.

Au-dessus d'elle, au troisième niveau, probablement un grenier, une autre ouverture paraît avoir été, elle aussi, une porte dont un pied-droit subsiste ; elle devait être accessible du couloir au moyen d'une échelle. Cependant, cette porte a pu avoir primitivement une autre destination : si, comme le pensent certains auteurs dont Michel Carlat, Rochebonne n'a pu être aux origines qu'un rocher fortifié entouré d'une enceinte, ce mur (al) était évidemment une partie de cette enceinte.

Le logis 3

Le Logis L3 se présentait donc comme un bâtiment quadrangulaire constitué des murs (g) et (h) au Sud et au Nord et des murs (f) et (k) à l'Est et à l'Ouest.

«...et du côté du couchant, des membres servant actuellement d'écuries, au-dessus desquelles on aperçoit trois vieux planchers». C'est ainsi que le sieur Lacrotte désigne le bâtiment que nous appelons Logis L3, qui jouxte le Logis L2 du côté de l'Ouest. Jusqu'à une date récente, seuls les restes de trois de ses murs étaient encore visibles : (g), (h) et (f) du plan. Une partie du quatrième mur (k) a été mise à jour à l'automne 2013 par les Amis de Rochebonne. On y voit un jambage de porte en belles pierres de taille situé à environ 2,45 m de l'extrémité nord du mur ainsi que le seuil de cette porte de 0,78 m.

A noter que le Logis L3 semble avoir eu quatre niveaux puisqu'au-dessus des écuries il y a encore trois étages («trois vieux planchers»).

L'extrémité Ouest (de g) est détruite mais elle est, aux dires des maçons, aisément reconstituable. Sa base montre un assemblage de pierres de taille percé d'un trou dont on pense qu'il devait servir d'évacuation de la «bove».

La récente mise à jour du mur (k) a permis de découvrir des fragments de tuiles, de lauzes, de poteries et céramiques ainsi que des claveaux et autres pierres taillées. Sans aucun doute la poursuite de ces travaux révélera bien d'autres choses intéressantes et instructives pour la connaissance de ce grand édifice.

 Son mur principal est parallèle au logis L2. Son mur latéral Ouest forme avec le précédent non pas un angle droit mais un angle obtus (100° environ). Par contre, sur le mur latéral Est, cette disposition n’est vraie que pour les deux niveaux les plus élevés. Au-dessous, les deux murs sont perpendiculaires. Au pied de la tour, à l’extérieur, une petite voûte enjambe un obstacle rocheux qui, on ne sait trop pourquoi, n’a pas été arasé. Sous la baie inférieure, une pierre creusée, légèrement saillante, appelée à tort «gargouille», servait à l’évacuation des eaux usées.

Sur ce qui reste du mur Est on peut voir les vestiges de deux cheminées superposées (une à chaque étage) dont la plus grande partie était prise aux dépens de l’épaisseur du mur. Elles ne présentaient donc qu’une légère saillie dans les pièces où elles se trouvaient, sauf bien entendu, à hauteur du manteau. Le contrecœur ou plus simplement le mur de fond est absent chez l’une et l’autre. Le piédroit subsistant de celle du niveau inférieur est constitué de cinq grosses pierres dont l’épaisseur varie de 0,30 à 0,50 m. La profondeur du foyer était de 1 mètre.

Au même niveau, sur le mur opposé, se voient également les vestiges d’une autre cheminée assez semblable à la précédente.

La cheminée de l’étage supérieur paraît avoir été d’une esthétique plus recherchée. Ce qui en reste (partie supérieure d’un jambage et partie latérale du manteau) évoque le XVIe siècle. Ces vestiges de cheminées sont les seuls éléments restant de l’aménagement intérieur de Rochebonne. Ils témoignent d’une recherche certaine de l’esthétique. On peut être surpris de n’en point trouver d’autres. On l’est beaucoup moins quand on sait qu’au XVIIIe siècle déjà, le propriétaire du château, M. Blanc de Loire, se plaignait qu’on lui volait portes et fenêtres et qu’au XIXe siècle, son descendant, M. Lafayolle, proteste lui aussi, contre le vol des belles pierres.

Bien que le texte de 1763 ne soit pas très explicite, c’est vraisemblablement dans ce qui vient d’être décrit qu’il faut voir «un membre servant de cuisine et d’habitation au fermier...».

Un texte de 1763 précise «attenant ledit château, et du côté du couchant, il se trouve des chazaux et vieilles masures qui en sont une dépendance», mais n'en dit pas plus sur les communs. Nous allons tenter d'apporter quelques (maigres) précisions.
Remarquons que les dépendances sont désignées par «chazaux» ou «chazals» (maisons démolies ou jardins qui les remplacent selon A. Mazon) et "vieilles masures". M. Carlat indique, citant le Dictionnaire de l'ancienne langue française de Godefroy, que «masure désigne aussi bien la maison que les terres qui en dépendent, que les ruines de la maison ou les murailles». Il est bien difficile d'interpréter la phrase du sieur Lacrotte ; il semble toutefois que si «vieilles masures» signifiait «maisons» ou «ruines» ou encore «murailles», cela ferait double emploi avec «chazaux». Il reste alors «terres». Il faut observer ici que nous connaissons les limites Nord et Est des communs ; nous n'avons pas connaissance intégrale de leur limite Sud et nous ignorons complètement celle de l'Ouest dont il ne reste rien. Cependant, à propos de cette dernière limite, il convient de noter le départ d'un mur oblique à l'angle du chazal Nord. Ce mur, dirigé vers le Sud-ouest pouvait enserrer la totalité des communs car c'est seulement de ce côté-là qu'on peut chercher une extension de ce qui reste des dépendances. Des travaux de reprise de maçonnerie y ont été réalisés en juillet 2019.
La surface approximative de la partie subsistante est d'environ 430 mètres carrés. Ce qui en subsiste n'atteint qu'à peu près la moitié de cette surface. Plus simplement, on peut imaginer que le château proprement dit occupait grosso modo les deux tiers de la surface totale et les communs un tiers.
Quoi qu'il en soit, il faut se résigner à n'étudier que ce que nous voyons aujourd'hui, c'est-à-dire les ruines des deux «chazaux», en ne perdant pas de vue que les communs et surtout les terres qui en dépendaient devaient s'étendre plus loin vers l'Ouest.

En contrebas du château, du côté de l'Est, on devine l'emplacement d'une chapelle surplombant la cascade. De nos jours, seul un mur est encore visible côté Sud. A l'Est on devine très nettement le choeur de cette chapelle dédiée à sainte Agathe, mentionnée en 1303 dans le testament de Guillaume de Châteauneuf de Rochebonne.
Elle était extérieure au château et correspondait à une chapelle castrale, c'est-à-dire un lieu de culte à la fois pour le château et pour les habitants du village de Rochebonne. Elle était desservie par un prêtre, le chapelain, nommé par le seigneur de Rochebonne. On sait que l'on y célébrait encore la messe en 1743. De plus,  le 17 septembre 1749, Jacques Gourjon, prêtre aux Estables, est nommé «recteur de la chapelle sainte Agathe de Rochebonne».

Mais selon le rapport établi en 1763 par l'expert Lacrotte, elle était «sans couvert ni toit, à laquelle est un petit clocher sur l'autel».
Une tradition rapporte que les fonts baptismaux de l'église de Saint-Martin-de-Valamas proviennent de la chapelle sainte Agathe.