L'attaque d'Israël par le Hamas venu de la bande de Gaza, le 7 octobre 2023, nous remettent en mémoire la bataille de la Forbie où, il y a 800 ans, le 4 octobre 1244, les troupes alliées des chrétiens, associées aux Templiers, aux Hospitaliers, aux Teutoniques et des musulmans de Syrie et de Transjordanie, quittèrent Saint-Jean d'Acre pour marcher sur Jaffa. Guillaume de Châteauneuf de Boutières, grand maître de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, était du nombre, lorsqu'il tomba sur les Khwarezmiens et les troupes égyptiennes le 17 octobre 1244 aux portes de Gaza. Les alliés musulmans avaient lâché prise dès la première rencontre. Les troupes chrétiennes se trouvèrent seules dans un combat inégal où 16.000 hommes perdirent la vie et 800 furent faits prisonniers dont 325 chevaliers, parmi lesquels Guillaume de Châteauneuf. Ce dernier fut emmené au Caire. Pendant sa captivité et en attendant le paiement d'une rançon, il sera remplacé «ad interim» par Jean de Bonay qui était grand précepteur de l'Hospital. Apprenant la captivité de Guillaume de Châteauneuf, son frère Guillaume-Guy fit un emprunt à Saint-Jean d'Acre pour obtenir la libération du prisonnier qui retrouva la liberté en 1250. Il serait mort vers 1259.
Après avoir possédé la forteresse de Châteauneuf pendant près de six siècles, la famille de Châteauneuf de Rochebonne également implantée dans le Forez et le Beaujolais se sépare de cette seigneurie en 1627.
Par acte du 4 mai 1627, Hugues de Châteauneuf, comte d'Oingt, baron de Rochebonne et de Leyniec, seigneur de Chambost, Thésé et autres places, coseigneur de Châteauneuf-en-Boutières, vend à noble Innocent de Soubeyran, seigneur de Saint-Martin-de-Valamas, la seigneurie et place de Châteauneuf consistant en château, prés, bois, rentes, justice haute, moyenne et basse, droits et devoirs seigneuriaux. L'autre part de cette seigneurie était passée dans la famille de Julien. Peu après la vente consentie par Hugues de Châteauneuf de Rochebonne, l'entière seigneurie de Châteauneuf se trouvera réunie dans la maison de Julien de la Varenne, Joachim de Julien ayant épousé par contrat du 3 septembre 1631 Hélix de Soubeyran.
Occupé par Julien de Montrond depuis 1586, celui décide de remettre Châteauneuf-de-Boutières sous l'autorité du roi, bénéficiant ainsi des revenus à la barbe du seigneur légitime Pierre de Rochebonne.
Sénéchal du Puy, Pierre de Rochebonne avait la confiance du roi. Il présenta une requête au duc de Montmorency, connétable de France, gouverneur du Languedoc où le baron de Rochebonne expose «qu'il est très obéissant sujet et serviteur du Roy». Malgré plusieurs sommations, Montrond refusait de rendre le château de Châteauneuf à son seigneur. Rochebonne demandait au duc de Montmorency d'intervenir auprès du duc de Ventadour, son lieutenant général, afin «de le faire obéir et y mener force et canons». Montmorency accepte mais il faudra encore du temps pour organiser une expédition sur Châteauneuf.
Le 25 octobre 1594 le duc de Montmorency se décide enfin d'expédier un ordre écrit au duc de Ventadour en lui demandant de faire entendre raison à Montrond en le forçant à quitter cette place. Le même jour le trompette de M. de Rochebonne venait proclamer cet ordre devant le château. Entre temps Montrond était mort. Son frère avait repris le commandement et il s'était entretenu avec M. de Chaste, gouverneur du Velay. On avait promis 3 000 écus qui n'ont jamais été payés et c'est pour cette raison que M. de Montrond refusait de rendre Châteauneuf-de-Boutières. Le trompette de M. de Rochebonne assignait M. de Montrond à comparaître dans quinze jours au château de La Voulte devant le duc de Ventadour.
Début 1586 les troupes catholiques se retirent dans le Velay. Les protestants occupent Saint-Julien Boutières et Saint-Martin-de-Valamas. Ils lèvent des impositions jusque dans la vallée de l'Eysse et Saint-Martial.
Depuis la démolition des fortifications de la ville de Saint-Agrève en 1580, Châteauneuf est devenu une place importante pour le contrôle de la haute vallée de l'Eyrieux et celle de la Rimande donnant accès à Fay.
Le 19 janvier 1586, d'Achard commande la place de Châteauneuf. En raison de l'insécurité qui règne tout autour depuis l'automne 1585, il est obligé d'entretenir une garnison de 20 soldats en plus des 50 soldats dont le pays lui règle la dépense. Selon le Dr Francus dans «les Huguenots du Vivarais», d'Achard recevait des assignations qui lui parvenaient de Devesset et de Saint-André des Effangeas pour le paiement des 70 soldats. En mars 1586 l'assemblée catholique réunie à Largentière accordait 200 écus à d'Achard pour la garde de Châteauneuf-en-Boutières que le commandant voulait encore fortifier parce que le château risquait d'être assiégé. Il le fut en effet. Tout ce qui est resté en souvenir de ce siège c'est la ruse des assiégés. L'esprit populaire a conservé l'anecdote du porc. Chaque jour on faisait mugir un porc comme si on le saignait afin de faire croire aux assiégeants qu'on pouvait tuer un porc chaque jour et ensuite festoyer.
Lorsque les Châteauneuf et leurs alliés, tous issus de la maison de Chapteuil, s'installèrent dans la haute Boutière, ils recherchèrent tout d'abord une position élevée, un piton rocheux, pour établir leurs fortifications afin de mieux se défendre d'éventuels ennemis qui envahiraient leurs domaines.
Châteauneuf était une co-seigneurie dont les Châteauneuf et leurs cousins de Brion seront les premiers seigneurs. En 1096, Bertrand et Girin de Châteauneuf, seigneurs du castrum de Châteauneuf, donnent l'église Saint Julien, voisine de leur château, à l'abbaye de Saint-Chaffre du Monastier.
La terre de Châteauneuf relevait des seigneurs du Mézenc et en 1229, leur héritière, Philippa, comtesse de Valentinois rendit hommage à Étienne, évêque du Puy pour trois parts du château de Châteauneuf-en-Boutières.
En 1250, Aimar III de Poitiers, comte de Valentinois, prenait possession, dès le décès de son grand père Aimar II, surnommé le Vieux, de la terre de Fay après avoir expulsé les officiers et châtelains qui avaient la garde des châteaux de Châteauneuf, Chanéac, Montréal, Fourchades et Mézenc, se proclamant maître de toutes ces terres. De nouveaux hommages seront enregistrés en 1251, 1264, 1311, 1318...
A la fin du XIIIe siècle, l'Église du Puy détenait des droits sur Châteauneuf-en-Boutières. Guillaume Jourdain, seigneur du Mézenc, était parmi les principaux vassaux de cette Église en 1171. Cela laisse supposer que la vaste seigneurie du Mézenc et les nombreux arrière-fiefs qui en dépendaient, étaient déjà tenus en fief dans la seconde moitié du XIIe siècle par les évêques du Puy. Dans ses Chroniques du Puy, Étienne de Médicis mentionne d'ailleurs qu'en 1164 le pape Alexandre III confirmait les droits et biens de l'Église du Puy sur Châteauneuf-en-Boutières.
Les seigneurs de Châteauneuf possédaient également en co-seigneurie le château de Rochebonne. Ils étaient aussi seigneurs de la Varenne, mandement vellave, dont ils exigeaient que les habitants du mandement de la Varenne fassent le guet dans leur château de Châteauneuf-en-Boutières. Le 14 mars 1400 les habitants de la Varenne désobéirent à Audibert de Châteauneuf en refusant de faire le guet à Châteauneuf, invoquant pour justifier leur refus, l'indépendance des mandements de la Varenne et de Châteauneuf-en-Boutières.
Parmi les seigneurs de Châteauneuf qui marquèrent leur époque, signalons Guillaume de Châteauneuf, fils de Guigon et d'Alasie de Chalencon. Guillaume de Châteauneuf suivi les pas de son frère cadet Guillaume-Guy, chevalier croisé en Palestine. Ils ne sont pas les seuls membres des Châteauneuf à rejoindre les croisés. Hugues, leur frère aîné, s'est également embarqué avec son fils Jean. Le père et le fils seront tués au siège de Damiette en 1249. Guillaume de Châteauneuf est entré de bonne heure dans l'ordre des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Il est promu successivement à toutes les charges de l'ordre jusqu'à celle de grand maître de l'ordre en 1243. Il a combattu vaillamment lors de la bataille livrée aux Khorasmiens sous les murs de Jérusalem où l'armée chrétienne sera écrasée. Tombé aux mains des musulmans il ne retrouve la liberté qu'en septembre 1250. Son frère Guillaume-Guy avait contracté un emprunt à Saint-Jean d'Acre, sans doute pour payer une partie de la rançon. On peut voir dans la salle des croisades au château de Versailles les armes de Guillaume de Châteauneuf.