À Rochebonne, on appelle donjon la tour quadrangulaire située au sommet du rocher qui domine le château au Nord. À peu près carrée, légèrement orientée vers le Sud-Est, elle avait au début du XXe siècle environ 9 m de haut pour à peu près 6 m de côté. Ces dimensions sont trop modestes pour qu'elle ait été un véritable donjon. Elle n'a pratiquement aucun des caractères qui justifieraient cette appellation. En revanche, l'ensemble tour - rocher constituait un excellent donjon «naturel» qui avait (tour comprise) près d'une quarantaine de mètres de haut. Seule sa face nord est à peu près intacte. Sur son parement extérieur on distingue des trous assez semblables à des trous de boulins*, au milieu une fenêtre si étroite qu'elle peut être considérée comme une archère, et une autre archère se trouve près de l'arête. Bien qu'actuellement dégradé, le sommet du mur montre encore les traces de deux échancrures verticales autrefois d'égale profondeur, qui peuvent avoir été aussi bien deux créneaux que deux encastrements de poutres. En raison de leur orientation vers la corniche supérieure, je pense plutôt à des créneaux. La face Est s'est considérablement dégradée depuis le début du XXe siècle où elle était amoindrie de seulement un dixième de sa surface environ. Elle porte, comme la précédente, une étroite fenêtre (un peu plus large cependant) et une archère très rapprochée de celle de la face Nord.

La face Sud, écroulée à mi-hauteur et près des angles, ne nous renseigne pas sur la position exacte de l'entrée de la tour.

La face Ouest, elle aussi très dégradée depuis le début du XXe siècle, paraît n'avoir jamais eu ni fenêtre ni archères : en raison de la configuration du rocher à cet endroit, il est probable qu'ici toute archère aurait été inutile.

* Un boulin est une pièce d'échafaudage en bois, horizontale, engagée dans la maçonnerie par une ouverture nommée «trou de boulin».

La fermeture du donjon

Épars sur le rocher, se voient encore des vestiges de constructions qui, aux origines, devaient constituer une chemise cernant la tour carrée à l'Est, au Sud et à l'Ouest. L'état des lieux de 1763 confirme cette hypothèse puisqu'il nous dit que là «étoit le fort dudit château». La tour seule ne pouvant constituer une fortification suffisante, force est d'admettre qu'elle était complétée par d'autres. Il est par ailleurs hautement probable, comme l'indique M. Michel Carlat que Rochebonne n'ait été aux origines, donc au XIème siècle, qu'un rocher fortifié entouré d'une enceinte.

Cette «chemise», donc, si elle a bien existé, devait remplir le double rôle de rempart en cas d'attaque et de banal garde-fou plus habituellement. En outre, son implantation à certains endroits montre qu'elle y prolongeait la verticalité de fissures qui auraient pu être escaladées.